La guerre menace. Une nuit, la charrette de la mort s'arrête devant la maison de Gwen le Tousseux, le jeune orphelin. C'est lui que vient chercher l'Ankou, pour l'emmener au pays dont on ne revient jamais... Quand Gwen se réveille, il est passé de l'autre côté, dans un monde comme surgi du passé. Dans ce pays étrange, effrayant mais fascinant, dominé par la douane volante, il va vivre des aventures extraordinaires.
Gwen l'Egaré parviendra-t-il à retrouver sa terre natale ou son destin sera-t-il à jamais lié à Jorn, le redoutable officier de la douane volante ? Une fresque magnifique, entre roman fantastique et récit initiatique, dans laquelle François Place révèle toute la dimension de son talent d'écrivain. Avec Gwen le Tousseux, laissez-vous emporter au-delà des frontières du réel et du temps.
Il fallait bien qu'un jour ce prodigieux conteur, géographe de l'âme humaine dans la lignée des Stevenson, Melville, Verne, Conrad, abandonne ses pinceaux pour ne garder qu'une plume mirifique et se lance dans un premier roman. La Douane volante, titre énigmatique, reprend les obsessions de l'artiste : les territoires en clair-obscur, contrées d'un réalisme foudroyant ou improbable ; les guerres et leur lot de folies, de blessures ; les enfances volées, abandonnées ; les figures de miséreux condamnés au silence, de soldats armés d'innocence en lutte contre l'arbi traire. Gwen Le Tousseux, narrateur de ce roman universel qui flirte avec les légendes, porte en lui les rêves et les cauchemars de l'auteur. 1914. En Bretagne. La guerre avale les jeunes garçons. L'orphelin, initié au don de guérison, est happé (ou le croit-il) par l'Ankou, l'ouvrier de la mort. Il se réveille au pays d'où l'on ne revient jamais - l'enfer ? Gwen, prisonnier d'une cour des miracles, découvre la sauvagerie, l'esclavagisme, la terreur, manigancée par cette douane volante, espèce de police aux pouvoirs hallucinants. Il connaît la peur, la solitude, la trahison, l'amour et l'amitié aussi, apprend la médecine auprès de vieux sages, lutte contre l'ignorance, et avec au ventre une volonté farouche, n'abdique jamais. Il veut fuir ce monde d'épouvante...
François Place peint des atmosphères de mystère, de lumières ténébreuses, raconte en filigrane une éternelle lutte pour la dignité, quand la raison triomphe de l'ignominie. Du pur François Place le tendre.
Martine Laval
Telerama n° 3132 - 23 janvier 2010
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