Elle embrasse comme une star et connaît l'histoire du cinéma sur le bout des doigts. Elle est morte et attend Alec Sheldon, dans la salle de projection le Rosebud, un certain après-midi de 1945... Arthur Roth est un gosse solitaire qui a de grandes idées et le don de s'attirer des ennuis. Il n'est pas facile de se faire des amis quand on est le seul garçon en plastique gonflable de la ville... Francis est malheureux.
Autrefois humain, c'est aujourd'hui une sauterelle géante de deux mètres cinquante, et quand ils l'entendront stridulèr, tous les habitants de Calliphora se mettront à trembler... John Finney est enfermé dans un sous-sol taché du sang des autres enfants martyrs qui l'y ont précédé. Dans ce sous-sol se trouve aussi un téléphone ancien modèle débranché depuis longtemps. Pourtant, la nuit, il se met à sonner...
Qui est à l'appareil? Le passé n'est pas mort. Il est encore à venir... En deux livres et de nombreux prix, Joe Hill s'est très vite imposé comme un des grands maîtres du fantastique. Avec Fantômes, il a connu un beau succès aussi bien auprès des critiques que des lecteurs.
Paru sous le titre 20th. Century Ghosts en 2005, ce recueil de courtes nouvelles (la plus brève compte à peine deux pages) s’inscrit assez bien à contre-courant de la tendance dominante de la littérature fantastique/d’épouvante actuelle, caractérisée par les gros moyens sinon les grosses ficelles.
Le grand talent de Joe Hill est sa capacité à exploiter la banalité d’existences sans surprise ni relief pour en faire sortir selon les cas, et parfois tour-à-tour, l’étrange, l’inquiétant ou l’horrible. Cette banalité initiale est parfois charmante et heureuse, parfois sordide, plus souvent faite de frustrations, de regrets et d’amertume. Elle est celle des petites villes de province ou de banlieue, des couples qui se disputent et se séparent, des ambitions ratées, des enfants plus ou moins délaissés qui poussent à la manière de mauvaises herbes et trouvent un réconfort qui dans les salles de cinéma, qui dans la lecture de fanzines, des excursions du dimanche après-midi où l’on s’ennuie et ne trouve rien à se dire l’un à l’autre … Toujours se glisse, à travers les fissures de cette banalité, à la manière « d’un prédateur furtif » (pour paraphraser l’introduction), mélangés au désespoir , à la rage ou à la surprise, un sentiment d’ « inquiétante étrangeté » , parfois de l’épouvante pure.
On y trouvera aussi, exploité avec une subtilité que la fréquence n’entame pas, le thème de l’enfance : l’enfance meurtrie, violée, profanée mais aussi l’enfance comme source d’une perception du monde alternative à la vision cartésienne, désenchantée, étriquée et frappée de cécité (oserait-on dire de manière paradoxale) des adultes, une vision primitive du monde qui aurait gardé tout son potentiel d’émerveillement mais aussi d’épouvante, là où les adultes, lancés sur les rails de la conformité, de l’action intéressée et de la norme ne percevraient plus les à-côtés magiques (ou démoniaques, selon les cas) de la réalité grise qui leur tient lieu de quotidien.
Les clins d’oeils à la littérature et au cinéma de genre ne sont pas absents comme dans la nouvelle intitulée (en français) La belle au ciné hantant et dans celle intitulée Bobby Conroy revient d’entre les morts - où la référence à Georges Romero et au film de zombies est explicite.
Enfin, on ne peut conclure sans évoquer la poésie, certes le plus souvent vénéneuse!, que dégagent ces nouvelles, certaines au-demeurant exemptes de toute cruauté. C’est le cas de la nouvelle Bois mort pour laquelle j’avoue une préférence.
Voilà un recueil de nouvelles, d’inégales qualités, sans doute, mais qui devrait figurer dans la bibliothèque de tout amateur du genre.
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