Mais elle ne s'entend pas toujours très bien avec lui, surtout quand elle lui fait part de sa volonté de déménager du presbytère pour faire construire sa propre maison. Grâce à l'aide de quelques notables et parvient à ses fins. Près de sa nouvelle maison, elle trouve des carnets qu'elle identifie comme ayant appartenus à sa grand mère, et où celle-ci raconte sa vie. Troublée, Mary se pose de plus en plus de questions quant au lien qui l'unit au village. Peu à peu, elle assiste à de drôles de choses dans la maison du prêtre, d'autant que celui-ci semble très attiré par elle. Puis un jour, alors que le prêtre part en voyage, elle décide de se rendre à l'asile de Salem, d'où vient son tableau. Elle y rencontre un homme, ancien pirate, qui lui parle de son histoire et de sa mère. Elle sort troublée et aperçoit alors Caleb dans un fiacre.
Puis, quelques semaines plus tard, la sainte inquisition débarque à Old Haven, avec pour but affiché de trouver la jeune fille, allant pour cela jusqu'à tuer les villageois peu enclins à la trahir. Elle doit alors s'enfuir, accompagné de Caleb et de quelques villageois. Une fuite suite à laquelle elle ne peut plus se cacher, à elle même ou aux autres, quelle est sa vraie nature. Elle est une sorcière, fille et petite fille de sorcière, héritière de la plus puissante lignée de sorcières. Et ses ennemis sont prêts à tout pour s'emparer d'elle, car elle seule peut sauver le monde, ou le faire basculer en enfer. Autour d'elle, les factions se révèlent et s'affrontent, la révolution est en marche, et elle est la pièce maîtresse de ce complexe processus.
Parue dans l'excellente collection Wiz, la Malédiction d'Old Haven a tout de l'épopée fantastique. Sur plus six cents pages, nous retrouvons la thématique qui a fait le succès du genre depuis Harry Potter et Eragon - une orpheline héritière d'un pouvoir lutte contre les Forces du Mal, entre société secrète, ennemi puissant et impitoyable au passé mystérieux, dragons, pirates, amulette et hideuses créatures des profondeurs - ce qui ne gâche en rien le plaisir et l'intérêt de la lecture.
Les exigences romanesques adolescentes sont comblées. Quête identitaire et spirituelle, magie, mais aussi actions, révélations, beaucoup de rythme et de rebondissements, des sentiments exacerbés, ainsi qu'une réflexion sur la religion, son pouvoir et ses dérives, sont servis par les indéniables talents de conteur de Fabrice Colin. Aux frontières de l'héroic-fantasy, l'auteur prolifique, adepte du fantastique, signe avec ce titre un foisonnant roman à l'atmosphère sombre et gothique : le lecteur frémit, l'ambiance est aux secrets, aux superstitions, aux manoirs, aux bûchers qui se dressent dans des forêts envoûtées.
" Le sang qui coule dans mes veines est un don, autant qu'une malédiction "
Sur cette trame devenue classique, La Malédiction d'Old Haven renouvelle le genre en jouant les dimensions parallèles, situant son récit dans une Amérique du XVIIIème siècle dont l'auteur réécrit l'histoire, s'inspirant du Moyen-âge auquel il ajoute quelques inventions technologiques, mêlant ainsi légendes et science fiction. De nombreuses références historiques ( telles l'inquisition ou les machines volantes de Léonard de Vinci ) rendent ce roman, déjà dense, parfois complexe. Présentant de nombreux personnages et plusieurs niveaux d'intrigues, des scènes de violences ( exécutions, tortures ), il ne conviendra pas aux lecteurs avant 14 - 15 ans. On regrettera seulement l'épilogue hâtif après le duel final en apocalypse.
Mais surtout, ce sont les références littéraires qui m'ont impressionnée : je n'en croyais pas mes yeux lorsque j'ai lu les noms de Arkham, Derleth, Necronomicon et enfin Cthulhu qui me confirma mon heureuse surprise. Fabrice Colin bâtit son roman en référence à H.P. Lovecraft. Il ne s'agit pas ici d'une simple allusion, mais bien plutôt d'un hommage à l'univers de l'auteur fantastique - dans tous les sens du terme -. Je ne m'attendais pas à rencontrer un tel maître dans un roman jeunesse. Et la référence à l'oeuvre littéraire est parfaitement maîtrisée, habilement menée. Fabrice Colin tire merveilleusement partie des créations étranges et effrayantes de Lovecraft, nous offrant l'occasion rêvée d'initier les adolescents, férus des récits de fantasy, aux grands auteurs du genre, de les guider judicieusement dans ce monde littéraire fantastique en leur proposant en pagaille Pullman, Tolkien, Dan Simmons, Franck Herbert, Raymond E.Feist, Robin Hobb et maître Lovecraft, en leur permettant d'affiner leurs goûts et leur sens critique.
Merci monsieur l'auteur et chapeau bas.
http://lisezjeunesse.canalblog.com/archives/2008/05/14/9079828.html
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