jeudi 21 octobre 2010

Les lunettes de John Lennon - Armel Job


Un cocktail détonnant pour un roman atypique et drôle : un anti-héros au physique de poireau, un ami douteux, un collège de Jésuites, un point de départ : le renvoi du collège.
Ajoutons : une famille délirante, un procès, une dette, un enchaînement de quiproquos, d'arnaques, de coups fumants. Au milieu de cela, comme gage de solvabilité : les lunettes de John Lennon.


Ce qu'on en dit...

Armel Job revient avec un livre pour ados adapté à la taille des adultes. Au menu, un type intègre, un peu vacillant dans une vie maladroite.


Julius est d'abord ado. Après avoir commis volontairement un crime de lèse-majesté divine dans un collège de jésuites, il se retrouve adulte avant l'heure. Devenu pompiste, il conduit Help, le chien familial, à son père, à la sortie du tribunal : le paternel est en procès avec son ex-femme au sujet de la garde du canin. Une certaine presse fait ses choux gras de cette affaire. Le décor du dernier roman d'Armel Job, Les Lunettes de John Lennon, est planté. Une petite douceur sucrée-salée qui remet les valeurs en place. On s'y attache à ce Julius Etembar. Peut-être parce qu'on voit en lui, une part de l'ado qu'on a été, voire de l'adulte qu'on n'est pas devenu. Armel Job dit de son protagoniste qu'il a le visage aussi laid que son coeur est beau. Et, me direz-vous, que viennent faire les lunettes de John Lennon dans cette histoire ? Julius, notre anti-héros au coeur tendre, les porte (les vraies) pour voir l'espace de ce moment un monde derrière le monde. «Le monde a-t-il la fadeur des yeux de Julius ou la chaleur crémeuse des lunettes de John ?»

Un livre croisant la route des différences

Petite info en paratexte, les lunettes de John Lennon ont été mises en vente sur le net, dans la vraie vie, tout comme sa cuvette de WC. Mais on ne vous dira pas ici comment le gentil Julius d'Armel Job a acquis lesdites «reliques» dans cette fiction romanesque. On préfère que vous lisiez le roman, paru chez Mijade il y a quelques jours. Dans une collection de jeunesse, certes, mais qui convient parfaitement aux adultes. Horace aurait conseillé un jour de « à la sagesse un grain de folie», il est bon quelquefois d'oublier la sagesse ». Nous saluons, une fois encore chez Armel Job, le travail de portraitiste de l'écrivain, lié à des descriptions très... cinématographiques (en effet, l'exercice pourrait être anticipé pour le réalisateur). Armel Job a surtout cette faculté, quand il observe son personnage, de ne pas faire que mesurer la distance entre son nez et sa bouche, mais de faire voir ce qu'il dégage. Un livre fort et beau, à l'écoute, en regard, croisant les routes des différences. Job aime aussi repeindre les réalités à sa manière, après avoir saisi quelques trajectoires humaines.

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=39118937

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