mercredi 3 février 2010

Le Club des incorrigibles optimistes - Jean-Michel Guenassia

C'est un roman d'adolescence, celle de Michel Marini, 12 ans en 1959, amateur de rock et de baby-foot. Mais Le Club des incorrigibles optimistes est également une chronique sociale sur fond d'Algérie française, de rideau de fer, avec pour héros une poignée d'hommes qui ont fui la Pologne, la Roumanie ou la Russie. Le petit Michel croise Igor, Sacha, Pavel et les autres dans l'arrière-salle du Balto, un café parisien. Avec eux, il découvre les nuances de la vie politique à travers les nostalgiques du socialisme et ceux qui ont coupé le cordon sans se retourner, troquant leurs familles contre une précarité infinie. Dans un coin obscur, deux hommes jouent aux échecs, écrivent, échangent des propos. Ils s'appellent Sartre et Kessel, ont leurs habitudes dans ce bistrot. A l'occasion, les deux intellectuels donnent un coup de main quand les fins de mois sont difficiles pour les exilés de l'Est. Chez le petit Michel non plus, la vie n'est pas bien simple : les parents se déchirent, on parle de guerre, de jeunes qui s'engagent, mais aussi de la Fête de l'Huma et du Parti communiste français.


Ce qu'on en dit...
Jean-Michel Guenassia prend tout son temps pour installer le lecteur dans ce monde où se croisent les destinées les plus complexes et le quotidien du petit Parisien qui fait son apprentissage de la vie. Cette délicate balance entre l'histoire mondiale des années 1960 et la vie sans aspérité de la famille Marini est maintenue, portée et développée de la première à la dernière page. C'est sans doute la principale qualité de ce livre : ne jamais tomber dans la démonstration, préserver le sentiment, la proximité et la structure romanesque. L'éditeur présente Le Club des incorrigibles optimistes comme un premier roman, il semble pourtant que Jean-Michel Guenassia ait déjà publié des fictions policières. Quoi qu'il en soit, cet opus est un beau roman ambitieux qui réussit à brosser le portrait de la France gaulliste à peine relevée de la guerre, ignorant ce qui se passe à deux pas de chez elle, dans la Russie stalinienne.


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