mercredi 17 mars 2010

Le premier qui pleure a perdu - Sherman Alexie

Voici les péripéties poignantes et drôles de Junior, un jeune Indien Spokane, né dans une réserve. Rien ne lui sera épargné - il a été le bébé qui a survécu par miracle, l'enfant dont on se moque et il est désormais l'adolescent qui subit en soupirant coups de poings et coups du sort. Jusqu'au jour où cet éternel optimiste réalise qu'un déplorable avenir l'attend s'il ne quitte pas la réserve. Admis à Reardan, une école prestigieuse surtout fréquentée par les Blancs, Junior se sent devenir un Indien à temps partiel...


Ce qu'on en dit...
Albert Spirit, surnommé Junior, est un indien Spokane. Il vit avec sa famille confinée dans une réserve. Malingre, chétif, il compte sur son intelligence pour s’en sortir et décide de fréquenter le lycée voisin, traditionnellement réservé aux blancs. Rejeté par ses anciens camarades, mal accepté par les autres, Junior parvient malgré tout à se faire une place.
C’est le premier roman destiné à la jeunesse du talentueux Sherman Alexie. Il a choisi la veine autobiographique et le « je » de narration pour parler d’une adolescence indienne actuelle en ce qu’elle a d’universel et de particulier. L’universel, ce sont les questions sur les filles et le sexe, les complexes physiques, les rapports bourrus avec les amis… Le particulier, c’est la condition d’indien du narrateur, en butte au racisme, à la pauvreté, aux ravages de l’alcoolisme – qui va engendrer nombre de drames et deuils parmi les siens. L’avenir de Junior est plus incertain que celui d’un adolescent américain lambda, mais sa lucidité d’une part, le soutien sans faille de sa famille d’autre part (il insiste beaucoup sur la solidarité des indiens), le poussent à continuer et le sauvent de toute idée négative. Le ton du roman est vif, à la fois réaliste et donc optimiste ; Junior apostrophe son lecteur, utilise le présent pour l’impliquer dans ses heurs et malheurs sans tomber dans le misérabilisme. La simplicité du vocabulaire et de la syntaxe servent parfaitement les sentiments toujours justes et forts. Des dessins censés être de notre héros émaillent fréquemment le texte, amusants, commentaires et exutoires d’une adolescence pas tout à fait comme les autres. Le roman a reçu le National Book Award américain pour la jeunesse en 2007, un prix amplement mérité pour ce livre à lire d’urgence.
Sophie Pilaire
http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/36801-le-premier-qui-pleure-a-perdu

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