Ce qu'on en dit...
Comme dans 'Mon traître', on retrouve dans 'La Légende de nos pères', quatrième roman de Sorj Chalandon, l'admiration pour la lutte collective et le respect des anciens, des thèmes chers à l'auteur. Celui, aussi, de la confiance trahie, du mensonge et du soupçon. Encore une fois, il s'agira pour le personnage principal, Marcel Frémaux, de parvenir à affronter ses doutes pour panser ses blessures. Notamment celle de n'avoir pas su prêter suffisamment attention à l'histoire de son père et à son combat de résistant. Son père, "ce héros sans lumière […] qui était retourné à la liberté comme on va au silence", Marcel, ancien journaliste reconverti en biographe, le retrouve dans le récit des souvenirs que lui confie Beuzaboc, un vieux soldat de l'ombre. L'occasion, enfin, d'extérioriser une souffrance trop longtemps contenue. "Il était l'heure." A travers cette série d'entrevues entre les deux hommes se dégage en filigrane, le portrait - l'autoportrait ? - de l'écrivain face à son art. Un véritable décryptage de l'acte d'écriture. Sorj Chalandon pousse encore un peu plus vers les sommets son génie de la description. Des phrases brèves et incisives. Le mot précis et pur, toujours à nu. Comme Marcel, Chalandon dépouille, élague, dentelle chacune de ses phrases. En résulte un texte d'une intensité rare et un univers romanesque singulier, aux personnages fouillés et au suspense que l'histoire ne laissait pas présager.
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