mercredi 21 avril 2010

La légende de nos pères - Sorj Chalandon

Après avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. 'Toute vie mérite d'être racontée', disent ses publicités, et c'est pour cela que ses clients se confient à lui. Il les écoute, met en forme leurs souvenirs, les rédige puis fait imprimer un livre destiné auxamis ou au cercle familial. Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe. Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l'Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n'a raconté sa bravoure qu'à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.

Ce qu'on en dit...
Comme dans 'Mon traître', on retrouve dans 'La Légende de nos pères', quatrième roman de Sorj Chalandon, l'admiration pour la lutte collective et le respect des anciens, des thèmes chers à l'auteur. Celui, aussi, de la confiance trahie, du mensonge et du soupçon. Encore une fois, il s'agira pour le personnage principal, Marcel Frémaux, de parvenir à affronter ses doutes pour panser ses blessures. Notamment celle de n'avoir pas su prêter suffisamment attention à l'histoire de son père et à son combat de résistant. Son père, "ce héros sans lumière […] qui était retourné à la liberté comme on va au silence", Marcel, ancien journaliste reconverti en biographe, le retrouve dans le récit des souvenirs que lui confie Beuzaboc, un vieux soldat de l'ombre. L'occasion, enfin, d'extérioriser une souffrance trop longtemps contenue. "Il était l'heure." A travers cette série d'entrevues entre les deux hommes se dégage en filigrane, le portrait - l'autoportrait ? - de l'écrivain face à son art. Un véritable décryptage de l'acte d'écriture. Sorj Chalandon pousse encore un peu plus vers les sommets son génie de la description. Des phrases brèves et incisives. Le mot précis et pur, toujours à nu. Comme Marcel, Chalandon dépouille, élague, dentelle chacune de ses phrases. En résulte un texte d'une intensité rare et un univers romanesque singulier, aux personnages fouillés et au suspense que l'histoire ne laissait pas présager.

La Légende de nos pères

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