mardi 1 juin 2010

Breaking the wall - Claire Gratias

« Je trouve quand même qu'elle y est allée un peu fort avec notre père.
Quand je lui ai demandé pourquoi elle l'avait traité de nazi, elle m'a répondu: "II voudrait faire de moi une enfant modèle de RDA! Mais les Pionniers et la FDJ, c'est presque la même chose que les Jeunesses hitlériennes, non ? » J'avoue que je n'avais jamais vu ça sous cet angle... » Juillet 1989. A Berlin-Est, Markus Schloss se réfugie dans un mutisme incompréhensible pour les médecins et pour son entourage, tandis que Klaus Weber, qui vit à l'Ouest, se laisse convaincre par une jeune documentariste française de raconter pour la première fois son passé.
Mais pour comprendre le lien entre les deux hommes, il faut connaître l'histoire d'Anna... Un roman bouleversant sur une période très noire de l'histoire de l'Allemagne, qui rappelle les conséquences cruelles de la guerre froide sur la vie des individus et la nécessité de se battre pour dire non.
Claire Gratias - Breaking the Wall

Ce qu'on en dit...
A l'heure où les 20 ans de la chute du mur de Berlin sont là, la littérature jeunesse comme adulte s'emparre du sujet et le met en scène. Breaking the wall m'a tout de suite entrainé. On s'attache à chaque personnage si différents les uns des autres et si intriguants.
L'atmosphère du livre est sombre et lourde telle qu'on l'imagine à la fin de la RDA. Il y a une sorte de tension permanente dans ce livre qui dépeint l'univers de deux hommes amenés à replonger dans leur passé. Cette confrontation est douloureuse, marquée par la mort et la trahison.
Une grosse partie du texte est constituée par le journal d'Anna. Telle Anne Frank (et le nom de l'héoïne n'est sans doute pas un hasard) elle livre son quotidien de jeune lycéenne puis jeune femme en RDA et met peu à peu en place les rouages de ce qui constitue l'intrigue du roman. Klaus et Markus sont deux êtres reliés à elle et Anne incarne à elle seule le drame de
Breaking the wall.
Cette lecture m'a beaucoup fait penser au film
La Vie des autres, notamment le personnage de Markus. En effet dans La Vie des autres, le héros était aussi un membre de la stasi qui peu à peu comprenait l'horreur de son métier.
La scène où Klaus se rend aux archives après la chute du mur, a d'ailleurs raisonné comme un écho à une scène de ce même film... Peut-être volontaire car l'auteur avoue aimer faire des clins d'oeil dans ses livres.
Le livre se conclut sur une note d'espoir : le mur est tombé, Markus s'est rendu compte de ses crimes et de ses erreurs, se mûrant dans le silence, et Klaus a retrouvé le nom de la personne qui l'avait dénoncé lui et son frère Erik, le jour où il avait essayé de fuir.
C'est un livre qui est très touchant et très frappant dans certains de ses propos. Il garde une réserve appréciable et il nous invite à en savoir plus sur la RDA et notamment le mur de Berlin. L'idée de
Breaking the wall est commune mais elle est très bien écrite et perçue de façon originale. L'alternance des points de vues sur la situation : celui de Klaus, celui de Markus et celui d'Anna est passionnante et très intéressante, ne serait-ce qu'au niveau de l'Histoire des mentalités en RDA pendant le mur de Berlin et à la veille de sa chute. Une jolie surprise littéraire.

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