Toussaint est l'un des grands noms de la rentrée. Son livre 'Fuir' est d'ailleurs sur les listes des plus grands prix. Et dès les premières lignes, on cesse de se demander pourquoi. L'écriture harmonieuse, la douce rythmique des phrases, la poésie des mots berce le lecteur et le trimballe, cahin-caha, des restaurants de Shanghai aux criques de l'Île d'Elbe en passant par Pékin. Un style aussi délicat est une raison d'être qui suffit amplement au roman. Quel intérêt alors de s'embarquer dans une pseudo intrigue policière encombrante, avec courses poursuites, petites coupures et nuits blanches à l'appui ? Pour le plaisir du mystère et du trouble ? Comme prétexte pour accompagner le narrateur dans ses péripéties ? Toujours est-il que Jean-Philippe Toussaint laisse rapidement tout en plan pour se consacrer au récit d'une histoire d'amour. Tant mieux. Il se livre à cet exercice avec brio, au moyen d'un vocabulaire allusif, tendre, et parfois cru et brutal. Mais toujours avec une grande sensibilité. Cette même sensibilité avec laquelle il interprète et idéalise le moindre geste, la moindre attitude. Jusqu'à franchement extrapoler, quelquefois. Alors, même s'il se peut que l'on ne le suive pas à tous les coups, le roman est si agréable à lire que sans avoir vu les pages filer, il est déjà terminé.
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