Frédéric a surmonté l'épreuve du feu.
Il fait maintenant partie de la Meute, la bande de skinheads qui sévit dans le quartier, et s'appellera désormais " Croco ". Croix gammée, violence, drogue... La rage de Frédéric a de quoi s'exprimer. Mais lorsqu'il apprend que sa grand-mère, Pepita, s'est enfuie de l'hôpital pour revoir une dernière fois sa terre natale, Frédéric la rejoint. Commence alors pour les deux fugitifs un voyage un peu fou à travers l'Andalousie.
Sur les traces de ses origines, Frédéric va de mésaventures en révélations, mais surtout, il rencontre Kenza qu'il déteste autant qu'elle lui ressemble... Le portrait sensible et tout en nuances d'un adolescent à vif qui cherche sa voie. Un premier roman très visuel qui vous embarque, comme un road-movie, de l'ombre vers la lumière.
Ce qu'on en dit...
Ce roman écrit à la première personne raconte le voyage initiatique de Frédéric, jeune ado paumé. A sa vie décousue, il a trouvé comme réponse la violence et la haine. Grâce à cette cavale en Espagne avec Pépita, des pans de son passé s’éclairent : ce grand-père ami de Garcia Lorca fusillé par les franquistes, dont on ne lui a jamais parlé, le suicide de son père… Alors qu’il avait reporté la cause de tous ses malheurs sur les immigrés qui volent le travail et brûlent les voitures, ce voyage lui permet d’avoir le recul nécessaire pour envisager sa vie sous un nouvel angle. De la cave incendiée aux berges du Guadalquivir, Frédéric avance. Ce chemin ne se fait pas tout seul, au sens propre comme au figuré. La police, l’homme de la ferme, les gens qu’ils croisent sur la route, la maladie de Pépita, mais aussi la haine viscérale entre Frédéric et Kenza et la rage qui consume le jeune héros sont autant d’obstacles à surmonter pour arriver au bout de cette route. L’écriture et le vocabulaire évoluent avec le personnage : « Bref, les autres font des descentes dans notre quartier pour casser des bagnoles ou des baraques. Et nous, on s’organise peu à peu pour se venger et tout faire cramer chez eux. » (p.33), « J’ai laissé là-bas, au bord du Guadalquivir, ma rage et mon désir de vengeance. Longeant le fleuve, dans le silence de la nuit, il n’y a que le chant un peu rauque de Kenza qui accompagne notre voyage (p.180). Si le racisme est un thème souvent abordé dans la littérature jeunesse, l’auteur prend ici le risque de donner la parole à un jeune skin. Grâce à un ton incisif sans démagogie, et dans la confrontation entre Frédéric et Kenza, le roman pose les vraies bonnes questions, et percute les préjugés de plein fouet : «- La différence, c’est que vous les Arabes, vous ne pouvez pas vous empêcher de jouer les victimes pour ensuite mieux nous planter le couteau dans le dos ! (…) - Les étrangers comme nous, on les accuse de tout et on fait chier tout le monde. Sauf ceux qui se frottent les mains. Si je suis une victime, t’en es une aussi ! » Un très bon premier roman, percutant et riche, qui aborde le thème du racisme avec brio, de Stéphane Servant, auteur de nombreux albums pour la jeunesse. |
Cécile Gaultier http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/37027-guadalquivir |
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