L'invention du mariage d'amour devait répondre aux malheurs du mariage classique : rétablir l'égalité entre époux, privilégier le sentiment sur l'obligation.
Mais depuis une quarantaine d'années, la nuptialité décline, le divorce explose, le célibat s'étend, les familles monoparentales se multiplient. Nul besoin de se marier désormais pour vivre ensemble ou avoir des enfants. Comment expliquer cette désaffection alors que l'idéal du couple reste entier ? Sommes-nous si sûrs que le mariage d'intérêt n'a pas d'avenir ?
Ce qu'on en dit...
Dans cet ouvrage, qui fait plutôt penser à un grand article transformé en petit livre, Pascal Bruckner dévide un fil suivi depuis le début de sa carrière d'essayiste et de romancier, celui d'une réflexion sur la vie privée au sens large. Ici, il entend, non sans paradoxe ni sans prendre à rebrousse-poil l'opinion supposée dominante, remettre en question le caractère central dévolu à l'amour dans le mariage contemporain.
Habitués depuis le XIXe siècle, aussi bien par Balzac, Flaubert ou Maupassant ou par La Sonate à Kreuzer de Tolstoï à vilipender l'ennui du mariage bourgeois, les modernes auraient fini par ériger la passion amoureuse en norme absolue de réussite de l'union conjugale. Or, constate Pascal Bruckner, leur valorisation de la jouissance, de la performance, des sens et des sentiments censés être toujours chauffés à blanc se révèle encore plus toxique pour la vie à deux que les alliances d'antan. Le moindre 'temps mort' ne sonne-t-il pas désormais le glas pour le couple ? Les espoirs d'un Léon Blum, qui croyait, dans son célèbre Du mariage de 1907 (lequel lui valut la haine inexpiable des bien-pensants de l'époque), qu'une plus grande liberté consoliderait l'engagement matrimonial et stabiliserait le nombre des divorces, ont été bien déçus !
Dès lors que, dans les sociétés occidentales, le sentiment amoureux s'est insidieusement métamorphosé en substitut à l'infinité promise par les religions, il n'est pas 'ce ciment qui mettrait sa puissance au service de l'institution, il reste un explosif qui nous saute au visage, de la dynamite pure et simple'.
Fidèle à sa critique de l'obsession du paroxysme, de l'absolu et de l'impératif de jouissance qui ont, selon lui, envahi notre mentalité, Pascal Bruckner entend opposer à cette tendance ravageuse un 'conservatisme intelligent'. Pas question de revenir en arrière, souligne-t-il, ni de chanter les louanges du mariage arrangé d'aujourd'hui comme d'hier - même si la tendresse pouvait, contrairement à ce qu'on croit, y frayer son chemin. Pas question non plus de retour au mariage forcé. En revanche, le mariage d'intérêt, lui, a quelques arguments à son actif, estime l'auteur, pourvu qu'il protège une certaine 'douceur de vivre' face à l''hédonisme marchand'.http://www.journaux.ma/maroc/actualite-internationale/le-mariage-damour-t-il-echoue-de-pascal-bruckner
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