Le récit de cette entreprise est fait par le frère, Bartolomé, qui conte la genèse et les coulisses de cette aventure et s'interroge sur cette passion des découvertes.
Ce qu'on en dit...
Si la légende de Christophe Colomb vous exténue au plus haut point, ne manquez surtout pas “L’Entreprise des Indes” d’Erik Orsenna. Comme on dit dans le jargon journalistique, le plus océanique de nos académiciens a su trouver le “bon angle” pour échapper aux redites de l’an 1492 : pas de lentes caravelles, ici, et encore moins de pompeuses partitions à la Vangelis... En se mettant dans la peau de Bartolomé Colomb, cadet du célèbre Génois, Orsenna raconte d’emblée la Découverte du point de vue de celui qui n’a pas fait partie du grand voyage, mais l’a plutôt précédé, et il n’y a pas mieux que ce témoin discret, en fin de compte, pour percer les secrets de la conquête du Nouveau-Monde…
Il faut pour cela faire le voyage à Lisbonne la douce, Lisbonne la bariolée, Lisbonne la tolérante où pendant un temps, les deux frangins officiaient comme cartographes… Il faut suivre son rythme, à la cité lusitanienne, et ne pas brandir devant elle une fièvre par trop arrogante, comme celle de Christophe Colomb lorsqu’il tente, en vain, de convaincre les conseillers du roi du bien-fondé de son entreprise. C’est de l’Espagne, finalement, que le navigateur obtiendra le feu vert pour l’Amérique, ce qui ne fut pas forcément le choix idéal, lorsqu’on connait la suite… Car la suite, c’est le massacre des Indiens sous la bannière espagnole, c’est le bannissement des Juifs de toute la péninsule ibérique, dans les jours mêmes qui précèdent le départ de Colomb… C’est l’obscurité qui enveloppe soudain tout ce qui scintillait d’ouverture au monde au coeur de cette Renaissance dont Erik Orsenna esquisse les sortilèges avec une verve romanesque et un talent de conteur à toute épreuve…
“Christophe, Christophe, n’est-ce pas la loi de la Découverte, d’être dérouté parce qu’on découvre ?“ Sagesse de Bartolomé, à la fin du récit, quand bien après sa mort il continue à interroger son frère sur le sens de son “entreprise”… On l’aime bien, ce Bartolomé, qui comprend très vite, en cartographe digne de ce nom, à quel point les bateaux sont autant poussés par les rêves que par le vent… Il aime les femmes, la musique, les livres et l’humanité dans ce qu’elle a de plus humaniste, Bartolomé… Il est tout en déliés quand Christophe est tout en granit, enferré dans ses obsessions, aveugle au bonheur, aveugle à Lisbonne… Devinez auquel des deux frères Erik Orsenna s’identifie le plus ?
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