D'origine pakistanaise, Salima est une jeune musulmane parfaitement intégrée à son pays, l'Angleterre. Au sein de sa famille et au lycée, elle a su trouver l'équilibre entre le respect des traditions et la vie moderne d'une fille de son âge. Aussi, quand ses parents lui annoncent qu'ils iront avec sa petite sœur Shazia au Pakistan, ne se doute-t-elle de rien. Son grand-père est à l'article de la mort, et une dernière visite s'impose. Mais très vite Salima va comprendre la vraie raison de ce voyage : ses parents ont décidé de la marier avec un lointain cousin, sans lui demander son avis... Ce qu'on en dit... Marco Varvello illustre lui-même le phénomène de déplacements des populations : italien, il est journaliste correspondant à Londres pour une chaîne de télévision… de son pays natal. La présence d'une communauté pakistanaise à Londres n'est d'ailleurs pas vraiment le problème du roman : depuis son Empire, la Grande-Bretagne a l'habitude de côtoyer l'Inde. Cuisine et vêtements typiques ne choquent plus depuis longtemps dans certains quartiers de la capitale. Mais il reste toujours… la question de la religion. Car c'est bien au nom de l'Islam que Salima voit son père prier cinq fois par jour, sa mère rester dans l'ombre de ce dernier. Mais elle a l'autorisation de ne se voiler que dans les grandes occasions, peut sortir librement… aucun signe ne laissait présager le revirement vers la tradition de ses parents quant à son avenir. Sincèrement aimants et soucieux (le narrateur le répète plusieurs fois), ils vont choisir de lui faire épouser un cousin inconnu, paysan certes célibataire, de son âge et travailleur, mais à l'opposé du monde qu'elle connaît. Son refus du mariage entraîne des conséquences allant jusqu'à la violence extrême – coups donnés par le père, tentative de suicide de la mère. Mais Salima ne plie pas, ruse, pour elle et aussi pour sa petite sœur dont elle pressent qu'un sort identique lui est réservé. La fin – heureuse, mais je ne vous dirai pas comment ! – est rapide à partir du moment où les deux soeurs fuient le village : on se dit que c'est un peu dommage, avant de comprendre que ces usages rôdés de sauvetage signifient malheureusement de nombreux cas de mariages forcés… Le roman est évidemment puissant, poignant ; l'écriture de Marco Varvello, très journalistique en phrases courtes et informatives portées par un narrateur externe, réussit à créer de l'émotion, mais pas tout à fait une épaisseur romanesque au sens fort du terme. Un beau roman documentaire, sur un sujet qu'on ne dénoncera jamais assez. |
Sophie Pilaire http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/36787-oublie-les-mille-et-une-nuits |
mardi 1 juin 2010
Oublie les mille et une nuits - Marco Varvello
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